Élections législatives 2025 au Gabon : Les dangers d'un parlement monocorde
Victoire écrasante de L'UDB
L es élections législatives et locales organisées les 27 septembre et 11 octobre 2025, censées symboliser une nouvelle ère démocratique au Gabon, ont au contraire mis en lumière les profondes faiblesses du système électoral et institutionnel.
Les élections législatives et locales organisées les 27 septembre et 11 octobre 2025, censées symboliser une nouvelle ère démocratique au Gabon, ont au contraire mis en lumière les profondes faiblesses du système électoral et institutionnel. Le processus a été entaché par de multiples irrégularités : validation controversée des candidatures, listes électorales tronquées, utilisation abusive des procurations, gestion opaque des bureaux de vote et manipulation présumée des procès-verbaux. Ces dérives ont compromis la crédibilité du scrutin et placé le président Brice Clotaire Oligui Nguéma dans une position délicate.
L’abstention, dépassant 50 % du corps électoral, témoigne d’un profond désenchantement citoyen. Malgré cela, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), parti présidentiel, a remporté entre 103 et 109 sièges sur 145, s’assurant une majorité écrasante (71 à 75 %). L’ancien parti dominant, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), subit une lourde défaite avec seulement 17 députés élus, soit environ 10 à 12 % des sièges. L’opposition, fragmentée, obtient quelques rares sièges, ne disposant d’aucun réel poids à l’Assemblée nationale.
Cette domination quasi totale de l’UDB crée un parlement monocorde, dépourvu de pluralisme politique. Une telle configuration menace les principes fondamentaux de la démocratie, car elle supprime les contre-pouvoirs et transforme l’Assemblée nationale en simple chambre d’enregistrement. Sans débat ni opposition crédible, la gouvernance risque de dériver vers l’autoritarisme, sous couvert de légitimité électorale.
Pour éviter cette dérive, il est impératif d’engager des réformes profondes : assainissement des listes électorales, contrôle indépendant des procurations, sécurisation et digitalisation du vote, ainsi que la création de conditions favorables à un véritable pluralisme politique. La société civile et la communauté internationale doivent aussi jouer un rôle de veille et de pression pour garantir la transparence et la crédibilité des scrutins.
En somme, les élections de 2025 révèlent que le renouvellement politique ne suffit pas sans refondation institutionnelle. Si rien n’est fait, le Gabon risque de sombrer dans une démocratie de façade, où un parlement sans diversité d’opinions ne servirait qu’à légitimer un pouvoir sans contrepoids. L’avenir démocratique du pays dépend désormais de sa capacité à bâtir un système électoral réellement juste, inclusif et transparent.
