Pourquoi les multinationales violent la règlementation des changes en toute impunité ?
Les entreprises du secteur extractifs refusent de rapatrier leurs devises à la BEAC.
L a dépendance aux matières premières et l'application incomplète des réglementations rendent la zone vulnérable aux chocs externes et impactent la politique monétaire de la BEAC.
Pourquoi la volatilité observée des réserves de change de la CEMAC indiquant des failles dans le système de rapatriement des devises ?
Entre fin juillet et mi-septembre 2025, les réserves ont chuté d'environ 1 000 milliards de FCFA, passant de 7 089,5 milliards de FCFA à environ 6 667,58 milliards de FCFA. Cependant, en fin d’exercice 2025, aux bénéfices de la bonne tenue des prix des matières premières et de la monnaie américaine, les prévisions de la BEAC indiquent des réserves autour de 7 101,7 milliards FCFA soit 4,59 mois d'importations, mais en baisse par rapport à fin 2024 (4,82 mois).
De fait, en application de la règlementation des changes des pays de la zone CEMAC, les entreprises, notamment dans le secteur extractif (pétrole, gaz, mine et bois), sont tenues de rapatrier les recettes en devises de leurs exportations dans les comptes de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) avec des sanctions en cas de non-conformité, mais son application se heurte à la résistance des multinationales.
Le principal problème réside dans le non-respect de l'obligation de rapatrier les recettes d'exportation supérieures à 5 millions de FCFA dans un délai de 150 jours. Ce manquement prive la zone d'une partie cruciale des devises nécessaires au renforcement de ses réserves.
Malgré des amendes financières lourdes prévues pour les entreprises récalcitrantes, pouvant aller jusqu'à 150 % des montants non déposés, les multinationales refusent souvent d'appliquer pleinement ces règles, créant des tensions sur la stabilité du franc cfa de la zone CEMAC y compris une vulnérabilité du stock des réserves des changes en devise étrangère avec un impact sur le taux de couverture extérieure de la monnaie locales.
Conséquence, le franc cfa des pays de la zone CEMAC est régulièrement menacé de dévaluation lorsque le stock des réserves devient inférieur à trois mois des importations des pays de la l’union économique et monétaire de l’Afrique centrale. Ce refus des multinationales a tendance à déstabiliser la stabilité de la monnaie sous-régionale faisant planer un risque de hausse généralisée des prix y inclus une augmentation de la vie chère pouvant entrainer une crise sociale y compris un risque d’émeute de la faim.
La situation actuelle conjugue donc une pression sur les réserves et la nécessité d'une application plus rigoureuse et uniforme de la réglementation des changes pour garantir la stabilité monétaire de la zone.
Pour justifier la violation de la règlementation des changes de zone CEMAC, les entreprises du secteur extractif invoquent le fait qu’elle créerait des défis logistiques, administratifs et financiers pour les multinationales habituées à une plus grande liberté de mouvement des capitaux.
Pour canaliser ces devises et assurer la stabilité externe de la monnaie, la BEAC est appelé à faire preuve d’une plus grande fermeté vis-à-vis des multinationales car la pénurie de devises pénalise fortement l’économie sous-régionale dont de nombreux commerçants et autres entreprises importatrices peinent à payer leurs fournisseurs à l’étrangers en raison de la détérioration des termes de l’échanges mais également à cause du refus des multinationale de se conformer à la règlementation des changes.
