Affaires Harold Leckat vs CDC : appel au respect de la présomption d’innocence.
Accusation d’escroquerie et de violation des procédures de passation des marchés publics.
L ’analyse d’une affaire dans laquelle le rédacteur en chef de Gabon Média Time est mis en cause pour des soupçons d’escroquerie et de déni du code des marchés publics.
L’Agence Judiciaire de l’État a officiellement saisi le Parquet de la République sur plainte des dirigeants actuels de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) à l’encontre d’Harold Leckat, rédacteur en chef de Gabon Média Time. Cette procédure judiciaire s’inscrit dans une controverse majeure où l’intéressé est accusé d’escroquerie et de non-respect des règles de passation des marchés publics, à travers un contrat cumulé estimé à plus de 500 millions de francs CFA.
Contexte et faits reprochés : L’essentiel des griefs porte sur l’attribution d’un contrat public dont le bénéficiaire principal serait M. Leckat. D’après la dénonciation, ce contrat aurait été octroyé par l’ancien directeur général de la CDC sans recourir à un appel d’offres, préalable incontournable prévu par la loi gabonaise relative aux marchés publics. Cette procédure encadre rigoureusement toute passation afin de garantir transparence, égalité de traitement et bonne utilisation des fonds publics. Le soupçon d’escroquerie réside dans la nature présumée frauduleuse de cette obtention contractuelle, contestée comme irrégulière et préjudiciable à l’État.
Arguments du plaignant : Les dirigeants actuels de la CDC : En effet, la loi gabonaise impose le respect d’une procédure d’appel d’offres pour tout contrat dépassant un certain seuil financier, ici largement excédé. Ils soutiennent que cette transgression est non seulement une atteinte à la rigueur administrative, mais également un risque de favoritisme et de détournement des deniers publics. Par ailleurs, ils évoquent une possible escroquerie dans la mesure où M. Leckat aurait bénéficié de cette attribution sans fondement légal ni justification probante. Selon eux, la procédure irrégulière aurait permis un enrichissement indu, au détriment de la transparence et de l’équité requises pour la gestion publique. Ils sollicitent donc l’intervention judiciaire afin d’établir la vérité, sanctionner les responsables et restituer l’intégrité du système institutionnel.
Défense de M. Harold Leckat : De son côté, M. Leckat rejette les accusations et invoque plusieurs arguments pour justifier la validité du contrat. Il prétend que l’attribution directe était légitime et conforme aux procédures internes de la CDC, et il souligne également que les prestations fournies ont été effectivement réalisées et correspondent à une prestation réelle, assurant ainsi qu’il n’y a eu nul détournement ni fraude. Sur le plan juridique, il conteste la qualification d’escroquerie, arguant qu’aucune intention frauduleuse n’est démontrée, et que la passation a suivi une procédure interne validée par l’ancien directeur général. En outre, il critique la plainte des actuels dirigeants comme une tentative politisée de déstabilisation, et affirme que la procédure judiciaire devra mettre en lumière les aspects techniques et juridiques complexes de ce dossier, souvent occultés par des considérations extra-juridiques.
Analyse juridique : La loi relative aux marchés publics gabonaise accorde une place centrale au principe de transparence et de concurrence loyale. L’exigence d’appel d’offres vise à prévenir tout abus et assurer une gestion efficiente des fonds publics. L’attribution sans appel d’offres, si elle n’entre pas dans un cadre dérogatoire dûment justifié, constitue une violation grave susceptible d’entraîner des sanctions civiles, pénales et administratives. L’escroquerie, en droit pénal, suppose l’intention frauduleuse de tromper pour obtenir un avantage illégitime. Cette qualification devra être clairement établie par les investigations et expertises judiciaires. Par conséquent, la difficulté clé réside dans la démonstration d’une volonté délibérée de fraude, qui, si absente, pourrait exclure cette incrimination. En outre, la responsabilité de l’ancien directeur général de la CDC est aussi interrogée, dans la mesure où il aurait autorisé ou favorisé ces pratiques. L’éventuelle complicité ou négligence de cet acteur public sera centrale dans le jugement.
Conclusion et perspectives : L’affaire oppose ainsi deux visions conflictuelles : d’une part, le respect strict des règles de passation pour garantir l’intégrité de la gestion publique ; d’autre part, la défense d’une attribution contractuelle spécifique présentée comme légitime par ses bénéficiaires. La saisine du Parquet marque l’entrée dans une phase judiciaire cruciale où la preuve factuelle et juridique fera la lumière sur la réalité des faits. Ce dossier illustre les enjeux fondamentaux de la bonne gouvernance au Gabon, et la nécessité d’une rigueur absolue dans la gestion et le contrôle des fonds publics. La posture du tribunal, entre sanction pénale et contrôle administratif, constituera un précédent important pour toutes les entités semblables. Le suivi de cette affaire sera déterminant pour l’image de la CDC, la crédibilité de Gabon Média Time impliqués, et plus largement, pour la lutte contre la corruption au sein des institutions publiques gabonaises. Bien que conscient que « nul n’est censé ignorer la loi », la rédaction de Gabon Daily News tient tout de même à dénoncer les conditions humiliantes et inhumaines dans lesquelles M. Leckat a été appréhendée.
