Différend frontalier : le Gabon et la Guinée-Equatoriale se rencontrent pour trouver un accord.
La diplomatie à l’œuvre pour éviter l’escalade entre le Gabon et la Guinée-Équatoriale.
L es pourparlers reprennent après l’arrêt de la Cour de Justice Internationale pour désamorcer les tensions entre le Gabon et la Guinée-Équatoriale, pour fixer le cadre de la rétrocession des îles et fixer les délimitations maritimes et terrestres.
L’affaire de l’île Mbanié constitue un différend territorial majeur entre le Gabon et la Guinée équatoriale portant sur la souveraineté de plusieurs îlots stratégiques, notamment Mbanié, Cocotiers et Conga. Ce litige, ancien et complexe, a été porté devant la Cour internationale de Justice (CIJ) en 2016 afin de résoudre définitivement la question.
Le 19 mai 2025, la CIJ a rendu son jugement, statuant en faveur de la Guinée équatoriale. La Cour, s’appuyant principalement sur un traité colonial datant de 1900, a reconnu la souveraineté légitime de la Guinée équatoriale sur l’ensemble des îlots en cause, y compris Mbanié. Par cette décision, la Cour a également imposé une conséquence géopolitique majeure : la rétrocession, par Malabo, d’une portion de son territoire continental – évaluée à environ 375 km² –, sous la forme d’une bande terrestre englobant les villes d’Ebebeyin et Momgomo, à la République gabonaise. Ainsi, le verdict reflète un compromis, chaque partie gagnant un élément territorial tout en en perdant un autre. Ce jugement est contraignant et immédiatement exécutoire pour les deux États. Il met fin à un différend frontalier qui perdurait depuis des décennies, tout en soulignant qu’aucune délimitation maritime n’avait jusqu’alors été formellement établie entre les deux pays. La CIJ a donc explicitement invité Gabon et Guinée équatoriale à entamer des négociations pour définir avec précision leurs frontières maritimes, sous peine de perpétuer une source potentielle de tensions.
Sur le plan diplomatique, le Gabon a appelé à la prudence et favorisé le dialogue. Le gouvernement gabonais a insisté sur la nécessité de gérer cette transition avec sérénité et respect mutuel. En réponse, le président de la Guinée équatoriale a tendu la main à son homologue gabonais pour engager un processus de négociation constructive, démontrant ainsi une volonté politique d’apaisement. Pour assurer la mise en œuvre de la décision de la CIJ, les deux États ont institué une commission nationale chargée du suivi de l’arrêt rendu. Cette commission s’est réunie le 19 octobre 2025 à Libreville, lors d’une réunion préparatoire cruciale en vue de la future convention bilatérale. Ce sommet, prévu du 22 au 24 octobre 2025 à Libreville, vise à définir les modalités pacifiques et le calendrier précis d’application de la décision judiciaire. Les discussions porteront non seulement sur la rétrocession effective des îles revendiquées, mais aussi sur l’élaboration et l’adoption d’un cadre légal pour la délimitation des frontières terrestres et maritimes entre les deux pays.
En résumé, la décision de la CIJ sur l’affaire Mbanié constitue un tournant diplomatique et juridique majeur, mettant fin à un conflit territorial classique tout en ouvrant une nouvelle phase de coopération bilatérale pour régler les questions maritimes restantes. Ce processus exemplaire illustre le rôle clé du droit international dans la résolution pacifique des litiges entre États.
