La COBAC projette de relever le capital minimum des banques
Un tournant stratégique pour la stabilité financière de la zone CEMAC
L a Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC) vient d’annoncer une réforme majeure visant à renforcer la solidité du système bancaire au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). À compter du 1er janvier 2026, et de manière progressive jusqu’en 2029, le capital social minimum exigé des banques passera de 10 à 25 milliards FCFA. Parallèlement, le seuil applicable aux établissements financiers non bancaires sera porté de 1 à 4 milliards FCFA. Cette hausse significative s’inscrit dans le cadre du plan stratégique « OWALI 2025-2029 ».
Une mise en conformité progressive sur trois ans Pour accompagner ce relèvement, une période transitoire de trois ans (2026-2028) a été instaurée. Celle-ci permet aux établissements concernés de se conformer progressivement à ces nouvelles exigences, évitant ainsi un choc brutal. Toutefois, la COBAC impose des conditions strictes quant à la nature des apports. Seules les augmentations de fonds propres par apports en numéraire et l’incorporation des réserves sont permises. Les emprunts, qu’ils soient obligataires ou interbancaires, sont expressément exclus. Cette distinction garantit que le renforcement se base sur des capitaux propres réels et durables et limite le recours à l’endettement, souvent source de fragilité.
Objectif : résilience et stabilité face à une fragilité avérée Cette réforme n’est pas anodine. Elle intervient dans un contexte où le système bancaire de la CEMAC accuse un déficit de fonds propres estimé à 247,3 milliards FCFA en 2024. Cette faiblesse expose les établissements à des risques accrus de défaillance, d’autant que la zone doit affronter des pressions macroéconomiques et financières importantes. En élevant le seuil de capitalisation, la COBAC cherche à consolider la solidité financière, renforcer la capacité d’absorption des pertes et améliorer la confiance des déposants et investisseurs.
Conséquences probables : concentration et rationalisation du secteur L’augmentation drastique des exigences obligera vraisemblablement certaines petites banques à fusionner ou à se faire racheter pour atteindre les 25 milliards FCFA requis. Cette dynamique pourrait entraîner une consolidation sectorielle, avec une concentration accrue autour de grands groupes bancaires mieux capitalisés. À long terme, cette rationalisation promet un paysage bancaire plus robuste, tout en posant des défis en termes de concurrence et d’accès au financement pour les PME et les populations marginalisées.
Alignement régional et perspectives internationales La décision de la COBAC s’inscrit dans une tendance générale sur le continent africain. À l’instar de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), du Nigeria et du Kenya, la CEMAC rehausse ses seuils de capitalisation pour aligner ses normes aux meilleures pratiques internationales. Cette harmonisation favorise la stabilité du système et améliore la perception des investisseurs étrangers, condition essentielle pour attirer des flux de capitaux dans la région.
Conclusion En résumé, le relèvement du capital social minimum par la COBAC représente une mesure stratégique indispensable pour redresser et solidifier le système bancaire de la CEMAC. Si cette réforme impose une discipline financière stricte, elle favorise une meilleure résilience face aux chocs économiques. Le succès de cette réforme dépendra toutefois de la capacité des établissements à mobiliser des ressources propres à temps, et de la gestion des impacts sociaux et économiques liés à la probable concentration du secteur bancaire régional. Cette réforme est dès lors un point d’inflexion crucial pour l’avenir économique de la zone CEMAC.
