Procès du Clan Ali Bongo : Une rupture sans précédent dans l’histoire politique gabonaise
Un premier pas vers un État de droit renforcé au Gabon.
P lusieurs déclarations de citoyens gabonais présentent une vision alarmiste et unilatérale des événements récents au Gabon, en insistant sur une continuité supposée des pratiques de corruption à l’identique, voire en pire, sous le régime d’Oligui Nguema. Cette interprétation mérite d’être nuancée.
1. Une rupture politique significative : Le procès intenté contre Sylvia et Noureddin Bongo Valentin et leurs complices marque une rupture sans précédent dans l’histoire politique gabonaise. Jamais auparavant, un pouvoir n’avait osé porter une accusation publique aussi lourde contre les cercles proches d’une famille démocratiquement installée, témoignant d’une volonté réelle d’extirper les réseaux de corruption. Cette dynamique témoigne d’une nouvelle maîtrise des institutions judiciaires et d’une indépendance accrue, là où auparavant rien ne bougeait ni ne changeait réellement.
2. Une transition complexe mais engageante : Certes, les pratiques dénoncées ne disparaissent pas instantanément, surtout quand elles sont inscrites dans la durée et s’appuient sur des complicités institutionnelles profondes. Toutefois, accuser l’actuelle gouvernance de reproduire exactement les mêmes schémas sans changements est simpliste et empêche de mesurer les avancées réelles, notamment sur la transparence et le contrôle renforcé des finances publiques. La mise en place de mesures disciplinaires contre certains des protagonistes mentionnés dans les avis émis découle d’une volonté de réforme, ce que le procès incarne.
3. Le système bancaire sous surveillance accrue : Certaines critiques ciblent sévèrement la BGFIBANK sans citer les autres établissements bancaires impliqués ignorant volontairement qu’il existe plus de sept banques sur le territoire national, mais oublie de souligner que les procédures de contrôle, notamment anti-blanchiment, se mettent en place progressivement sous supervision nouvelle. Les garde-fous ne sont pas parfaits, mais l’ouverture d’investigations et l’exposition publique des dysfonctionnements traduisent un changement dans la gestion des institutions financières publiques.
4. Le message politique du procès : La diffusion internationale du procès donne au Gabon une image d’État qui refuse désormais l’impunité et l’opacité. Ce signal fort devrait être interprété comme un premier pas vers un État de droit renforcé, et non comme un simple spectacle de vengeance politique.
5. Les critiques sur les nominations et les alliances : Reprocher au Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, la nomination de collaborateurs sans parcours jugé "digne" ne prend pas en compte les réalités politiques d’une transition sécuritaire où la cohésion et la loyauté sont aussi des critères essentiels. Le changement promis ne peut s’accomplir sans concessions tactiques temporaires.
En définitive, loin de constituer une simple continuité des pratiques antérieures à l’identique, le procès et les mesures qui l’accompagnent révèlent une volonté nouvelle d’instaurer une justice indépendante au Gabon. Il existe encore des failles et des intérêts enchevêtrés, mais il serait imprudent et contre-productif de juger ce processus à l’aune exclusive du passé sans reconnaitre la complexité et les progrès en cours. Le vrai défi reste désormais d’ancrer ces premiers pas dans une réforme durable et participative.
